ADOLESCENCE
Alors que Quentin voyait mourir Léontine, Margot, pour fausser compagnie à ses gardes, poussa son cheval au galop et s'engagea sur un chemin transversal puis à travers champs. Malheureusement, elle ne savait pas bien monter et fur rapidement rattrapé par les trois soldats qui l'encadrèrent. Plus tard, au bord d'un ruisseau, elle tenta encore de fuir alors que les hommes étaient descendus de leur monture. Un sifflement ralentit son cheval qui s'arrêta au second sifflement. Le commandant décida alors de lui ligoter les poignets et de tenir les rênes de son cheval pour plus de sécurité. Et le périple de Margot reprit. Il dura deux jours q'elle passa ligotée sur le cheval ou dans une tente la nuit. Elle se rendit compte qu'ils se dirigeaient vers le nord et l'empire Ksur. Enfin, son voyage s'acheva dans une ville dominée par une forteresse sur une colline. Là, le commandant la remit à une religieuse qui la conduisit dans une petite pièce.
- Damoiselle Margot, ceci sera votre chambre. Vous trouverez dans cette armoire de quoi vous vêtir et étudier. Installez-vous et reposez-vous.
Elle allait sortir quand elle se retourna vers la jeune fille :
- N'essayez pas de fuir, nul ne vous aiderait. Vous serez parmi nous pour cinq ans. Et si vous êtes sage, vous n'aurez jamais affaire avec moi.
Elle s'en alla, laissant Margot avec ses questions et ses peurs.
Quand Quentin s'éveilla, il se trouvait dans une petite pièce, allongé sur un lit dur. Il sortit et découvrit qu'il était sur une péniche à deux mats.
- Enfin debout ! Il serait temps, nous arrivons bientôt. Votre mère n'aurait pas apprécié que vous soyez abîmé !
- Ma mère ? Je n'ai qu'une mère et vous l'avez tué ! D'ailleurs, où allons-nous ?
- Je parlais de votre mère qui vous a porté. Passons. Nous allons là où vous serez formé à diriger notre pays.
- Qui suis-je ?
- Vous posez trop de questions. Allez préparer votre sac, nous arrivons. Pour vous répondre, vous êtes l'avenir. Si vous survivez !
La péniche venait de franchir une courbe du fleuve et une ville se trouvait là sur les deux rives. Bientôt, il accosta et Quentin, escorté des trois femmes, fut mené vers un temple ovale/ A la vue des femmes qui l'accompagnait, les érudits s'agenouillèrent et baissèrent la tête.
- Relevez-vous. Voici Quentin, vous savez votre rôle. Remplissez-le correctement et vous serez récompensés.
- Comme Léontine ? Est-ce ainsi que vous traitez ceux qui travaillent pour vous ?
Quentin s'avança vers la grande femme blonde qui avait parlé et se prépara à la frapper tant il était en colère. Son bras fut bloqué par un vieil érudit qui lui dit :
- Léontine était ma sœur. La mort est ce qu'elle avait demandé en guise de pardon. Vietlana n'a fait que respecter sa demande, ne lui en voulez pas.
- En guise de pardon ? Je ne comprends pas.
- Je vous expliquerais tout, venez.
Et le vieil érudit ramassa le bagage de Quentin et entra dans le temple. Avant d'y pénétrer à son tour, Quentin se tourna vers la grande blonde.
- Vietlana, je me souviendrais de vous à jamais. Et je vous tuerais pour ce que vous avez fait.
Durant cinq années, Margot, enfermée dans la forteresse, fut formée aux maniements des armes, aux tactiques militaires, aux techniques agraires et aux subtilités du commerce et de la diplomatie. Quentin suivait les mêmes cours, à plus d'un mois de marche de là. Au bout de ces cinq années, Margot fut escortée à Psais La Ception, la capitale de l'empire Ksur où le mystère de sa naissance lui fut révélé. Au même instant, Quentin fut conduit dans la capitale des Amzohn, Frièrétang où il sut enfin qui il était.
A peine une semaine après leur arrivée, ils furent présentés l'une au ksur et à son état-major; l'autre à l'amzohn et ses conseillères. En vertu de leur lignée, ils devinrent conseillers des dirigeants puis prirent de plus en plus de responsabilités.